mercredi 18 décembre 2019

Hou De Asian Art

La boutique Hou De a sans conteste fait partie de mes boutiques préférées, au moins dans le top 4 de la bonne cinquantaine de fournisseurs que j'ai testé.

Je regrettais déjà depuis quasiment une dizaine d'années le fait que les MAJ étaient de plus en plus éparses ...

Selon mon fichier, à une ou deux exceptions près, mes derniers achats majeurs dans cette boutique remontaient au début 2012. Déjà 7 ans que je scrutais régulièrement cette boutique, en ayant l'espoir qu'elle ré-apparaîtrait comme dans ses grands jours.

Depuis peu, le site internet a tout simplement disparu.

 Pour moi, c'est une page douloureuse qui se tourne. 2019 sera donc une date importante pour moi, tout comme la transition 2007-2008, moment où nombre de vendeurs sont apparus, et où, ayant quasi-épuisé mes stocks datant des années 90 et de ponctuels achats postérieurs, j'ai commencé à scruter tout ce qui existait, en boutique physique et sur la toile.

Je souhaitais mettre un petit mot en l'honneur de cette boutique.

Merci à Guang et Irene pour ce que vous m'avez apporté.


jeudi 28 novembre 2019

Da Du Gang 1999

Il faut bien finir ses très bonnes références un jour, à moins de les emporter dans la tombe !

En plusieurs fois, j'avais acheté chez Houde en 2011 des samples de la galette de 1999 Da Du Gang. Stockage remarquable en environnement sec, un peu à l'instar de l'une de ses deux Yi Chang Hao de 1999.

Ce thé est plutôt un thé de bouche. On ne le boira pas pour un qi immense, même s'il n'en n'est pas dépourvu. Cependant, nous avons un bel équilibre de plusieurs saveurs. Je retrouve un peu la monarde, de l'osmanthe aussi, un doigt de fenouil. Des bois que je ne saurais décrire, un peu comme du chêne, ni sec ni humide. Rien ne dépasse, la dégustation se passe en toute tranquilité et en équilibre.

J'en suis à la 10ème infusion (photo ci-dessous, 4g en zhong M3T), je vais obligé de partir avant qu'il ne soit épuisé. C'est bien dommage, car c'étaient mes derniers 4g ...



vendredi 23 août 2019

Belles dégustations de la semaine passée

Avant quelques jours passés sans thés, je me suis décidé de sortir quelques belles victuailles niveau thés et vins.

Une Shui Lan Yin de 1997, achetée sous forme de sample chez Houde. Bel équilibre, sans aucun doute la meilleure des thés Shui Lan Yin que j'ai testée, bien avancée mais dans un stockage très propre comme l'immense majorité de sa feue carte.




Un Tuocha 8 de 1986 de la M3T. Je l'ai malheureusement trop dosé, mais il s'agit de toutes façons d'un thé remarquable. Bien si je le préfère en dosage léger, ici nous avons eu encore la preuve que l'on a pu trouver en France des produits remarquables. A ce jour, je n'ai trouvé aucune référence hors HouDe ou M3T en pu er dépassant ce thé.



Pour terminer, un Tokaj Aszu de 1993. Je craignais qu'il aie mal vieilli, mais non je l'ai trouvé remarquable. Si j'ai fini mes références des années 70 et 80, je n'ose guère toucher les millésimes 1993, car cette année figure parmi les 2 ou 3 meilleures du 20ème siècle pour ces vins. Mais j'ai bien fait de réduire mon stock !



jeudi 15 août 2019

Minis galettes 53 et 54

Dans la revisite de mes stocks, hier je suis passé par les minis galette 53 (sheng de Lincang) et 54 (shu de Simao). Des galettes de 125g (si j'ai bonne mémoire) achetées 16€ respectivement en septembre 2008 et mai 2009.


Des thés que j'avais trouvé sympa, à prix raisonnables lors de leur achat. Je voulais me faire un stock de thé corrects, pas cher, pour la consommation de tous les jours.

Depuis ces achats, ma cave s'est considérablement enrichie, et cela fait un bail que  je n'étais plus allé voir ces thés.

Les tests d'hier m'ont confirmé que finalement il s'agit d'achats que j'aurais pu m'abstenir de faire ...

Non qu'ils soient mauvais (d'ailleurs ils ne figurent pas dans la liste "à jeter"), mais avec mes stocks j'ai de quoi boire constamment des choses meilleures jusqu'à la fin de mes jours. Le fruité de la galette 53 se retrouve dans d'autres galettes, finalement plus sympa et pas nécessairement beaucoup plus chères. La galette 54, à condition de la doser suffisamment, à un côté réglisse surprenant à côté du camphre, mais d'une part je m'en suis lassé, et comme nombre de shu, dosé trop peu c'est plat et trop dosé la dégustation n'est pas agréable du tout. Bref, capricieuse la galette, uniquement pour un côté réglisse qui ne m'attire pas plus que cela.





lundi 12 août 2019

Porcelaine Wan Shou Wu Jiang

J'ai acheté il y a une petite dizaine d'années une série de trois Gaiwan / Zhong chez Tang Frères. Deux ont été brisés, voici le dernier survivant :


Sans être particulièrement fan du design, je les avais acheté pour économiser mes zhongs M3T. En effet, j'ai dû payer ces zhongs dix fois moins chers. Leur contenance est un peu plus grande, sans l'être trop, porcelaine plus épaisse, une expérience différente.

J'aurais aimé en racheter, d'autant plus que je me suis fait à ce design, mais ils ont disparu depuis longtemps de chez Tang Frères. Sur le net on en trouve (en neuf), mais de contenance nettement plus grande, et cela ne m'intéresse pas. J'ai beau avoir visité toutes les boutiques du 13ème arrondissement, plusieurs de Belleville, rien ... J'étais allé il y a un an chez Patachine, ils n'en n'avaient pas non plus ...

Désormais, on trouve surtout du mélaminé. J'ai encore trouvé quelques objets en porcelaine avec ce design ou des proches dans certaines boutiques, mais pas de zhong, et ils m'ont confirmé que c'était la fin au niveau de leur stocks. Même des beaux bols jaunes à motif de dragon, faits par la même firme, présents chez ParisStore il y a moins de 4 mois, ont définitivement disparu ...

Je suis visiblement propriétaire d'une relique, qui m'aura coûté dans les 2€, et que du coup je n'ose plus utiliser ...



lundi 5 août 2019

Nakiri de MORITAKA

Une fois n'est pas coutume, je vais essentiellement ne pas parler de thé, même s'il y aura quelques photos vers la fin.

Je m'intéresse depuis quelques mois aux couteaux Japonais. Mon revendeur local d'articles de cuisine avait vendu  à -70% des couteaux de la marque Global, j'en avais acquis un par curiosité pour tester. Cette marque est celle par laquelle les couteaux japonais sont arrivés sur le marché occidental.

Après quelques essais, je me suis finalement arrêté sur les couteaux artisanaux de la marque MORITAKA. Ces couteaux sont un réel plaisir à utiliser, l'affutage est particulièrement aisé. Leur seul inconvénient, un besoin d'entretien plus régulier car ils sont en acier carbone, qui est oxydable. Il faut aussi acquérir, comme pour les couteaux japonais, le matériel d'affutage et s'entraîner un peu.

J'ai eu l'occasion avec quelques connaissances d'essayer ce qui semble être le haut de gamme de la coutellerie occidentale. Rien à faire, même lorsqu'ils ne sont pas parfaitement affutés, les Moritaka coupent bien mieux, et comme pour nombre de couteaux japonais, l'aliment découpé s'oxyde moins vite. La coupe est nette, franche, précise, et même pour quelqu'un qui a deux mains gauches comme moi, il est aisé de faire des tranches très fines. Les couteaux japonais permettent cela, et les Moritaka avec leur angle d'affutage vraiment faible le font remarquablement bien.

Cette entreprise purement familiale, d'une petite dizaine de personnes (a priori 7 selon la photo sur leur site), existe depuis 1293, c'est dire si la longue tradition est présente dans chaque couteau.

Aspect artisanal oblige, les commandes sont limitées. On peut en France les trouver sur le site couteauxduchef (lorsqu'ils auront refait l'approvisionnement), ou directement chez le fabriquant http://moritakahamonoen.ocnk.net/ (site en anglais ou en japonais). Pour la commande chez le fabriquant, ne laissez pas passer la date, et attention prévoir une augmentation du coût de 30% (droits de douane+TVA) ainsi que les 21€ de Chronopost. En ce qui s'agit de couteauxduchef, c'est l'unique revendeur français et j'ai à ce jour été très satisfait des conseils, de la disponibilité et du SAV de ce site, je le recommande fortement.

L'acier de plus haute qualité est censé se réaffuter une fois par an. L'autre acier, un peu plus souvent. Le premier acheté est un Nakiri dans l'acier le moins cher, pour le reste j'ai directement acheté l'acier le plus haut de gamme (sauf le Yanagiba).  Je dois avoir mon Nakiri depuis 6 ou 7 mois, j'ai refait un court affutage (pour la deuxième fois depuis l'acquisition) tout à l'heure. Le couteau coupait encore très bien, mais c'est bon de l'entretenir. L'acier le moins onéreux est déjà excellent.









A venir d'ici la fin du mois : la présentation de ma gamme complète de Moritaka.

Après cet affutage réussi, je n'ai pas résisté au plaisir de boire un Pu Er que je bois pour les "grandes" occasions. Après avoir sorti une petite Shui Ping (la plus grande contient une Fu Hai de 1999 depuis hier), je suis allé chercher un carré de pu er de 1979, la version "c" du carré numéro 2. Un thé bien fidèle, qui confirme que ces carrés 2 à 5 de la M3T font partie de mes thés préférés toutes catégories confondues.





jeudi 18 juillet 2019

Vrac 40 de 2002

J'ai été fan de la M3T notamment pour ses vracs shu.

Les vracs shu provenant d'autres boutiques m'ont souvent déçu, même si ponctuellement certains sortaient du lot. J'ai ainsi bien apprécié un Lincang de YS, le premier MengHai de Thés de Chine, le vrac (aussi sorti en galette) d'EoT. Mais ceux là ont fait exception dans leur offre, où j'ai trouvé la majorité des shu au mieux buvables.

Sur ce créneau, la M3T a longtemps fait exception. Cependant, je n'avais pas été spécialement fan de leurs dernières sorties en vrac.

Là pour le coup, ce vrac numéroté 40 de 2002, dont je n'ai pas retenu le terroir, rentre vraiment dans la cour de ce qui m'a fait apprécier cette maison. On n'est pas si loin du vrac 16 de 1983, ou du vrac 24 de 1998. Peut-être une note de fraîcheur en plus, du gingseng peut-être ? J'y trouve aussi quelques notes de thé blanc. Mais sinon bien entendu, la palette reste celle d'un shu, simple, efficace et bien fait.

Ce thé se vend 17€ les 75g, soit un peu plus de 23€ les 100g. Cela me paraît un prix tout à fait intéressant, en comparant les offres des autres boutiques physiques qui supportent des frais de boutique également.

Cependant attention, depuis quelque temps la boutique fait payer les boîtes. On peut repartir juste avec un sachet, venir avec une boîte usagée, ou alors payer une boîte, de mémoire entre 1,5€ et 2€ la boîte selon la taille. En soi, cela ne me gêne pas, d'autant plus que la plupart des vendeurs mettent leurs produits dans des sachets qui n'ont pas le cachet de ces boîtes et protègent le thé moins bien, ou alors les facturent plus chères pour des boîtes plus moches (3£ chez PcT). Cependant, comme à l'accoutumée dans cette maison, l'information n'est pas donnée en avance, et l'on peut regretter ce fait.

jeudi 6 juin 2019

Tuocha 7 de 1978

Dans la série des thés que je re-découvre, après avoir quitté la YCH de 1999 ce matin (cf. post précédent), je me suis attaqué au Tuocha 7 de 1978.

En fait je n'en ai eu que deux. Le deuxième a été racheté à un amateur, après que j'ai fini mon premier. Quant au premier, son achat remonte à fort longtemps ... Acheté à une époque où j'achetais peu de thé et notamment de pu er (vivant sur la réserve que m'avait faite une amie vietnamienne), je n'avais pas trouvé utile de stocker plusieurs exemplaires de ce thé, sans compter que je n'imaginais pas la venue future d'un crack théier. J'ai le souvenir de l'avoir payé 30€ / 200Fr, mais je ne sais plus si je l'ai payé en francs et commençais la conversion en euros, ou en euros tout en continuant à convertir en Francs. Tout au plus, j'ai le souvenir de l'avoir stocké dans une boîte, le tout dans ma cuisine (!!!), et dans un appartement que j'ai quitté fin 2003. Il a été mon premier ou deuxième achat en pu er à la M3T, je ne sais plus entre lui ou le vrac 16 qui a été le premier. Bref, j'ai un sentiment particulier envers ce tuo, qui est l'un des premiers pu er achetés qui m'accompagne encore sur ma voie du thé.

Celui à la dégustation ce jour, dans une théière microscopique achetée chez Thés de Chine, est donc la version "seconde main". A condition de le doser fortement (ce que je préfère avec les shu), ce Tuocha reste une valeur simple, mais sure et efficace. Une certaine endurance, et un after taste dans la trachée absolument indescriptible et unique. Dans ces jours, ce n'est plus mon thé préféré, je préfère désormais les sheng adolescents stockés plutôt secs, mais comme d'autres thés, c'est toujours un plaisir de le rencontrer, et pas seulement parce qu'il a fait partie de mes premiers achats ou parce que j'en bois rarement (environ 150g sur plus de 15 ans !)

Yi Chang Hao 1999 vendue par Hou De

Je parcours avec plaisir des thés achetés il y a plusieurs années.

Cela me donne envie par moments de ressortir des archives certains posts publiés il y a plusieurs années, désormais cachés, quitte à les retravailler un peu. Cette partie publique devrait donc s'enrichir rapidement.

La plupart de ces thés ont d'ailleurs été proposés il y a quelques temps en vente sous forme d'échantillons, pour avoir le plaisir de les partager avec les intéressés.Ce n'est malheureusement pas le cas de celui-ci, car il ne me reste qu'une petite partie. Pour des raisons financières, j'ai loupé de peu les deux dernières galettes en vente, et je me suis contenté d'un large sample.

Houde, dont la boutique est désormais quasiment et l'arrêt et ce depuis plusieurs années, a proposé jusqu'en 2010-2011 environ d'excellents thés, certains avec un stockage sec mais qui a tout de même permis d'évoluer. Parmi ces thés, figurait deux Yi Chang Hao. La première n'était pas super intéressante pour moi, stockage trop humide, la deuxième, la Song Character,  fait partie des thés que j'apprécie.


J'ai eu l'occasion de tester pas mal d'Yi Chang Hao de différentes années, probablement une bonne vingtaine. Deux sont sorties du lot. L'une est connue des parisiens car en vente à la M3T sous le doux nom de Galette 30. Une très belle pièce, mais il faut passer les toutes premières infusions pour en profiter pleinement. Pour moi le summum a été celle de Houde. On ne la boira pas pour ses saveurs, mais pour le bel équilibre qui se forme avec ce stockage, d'autant plus que le côté miel est désormais moins présent avec mon stockage double sachet depuis une petite dizaine d'années. En revanche, on dispose d'un thé très propre, sans quoi que ce soit qui dépasse. Un équilibre entre un qi certes présent mais sans l'être trop, une sorte de sagesse qui se dégage, du calme mais avec en même temps de la vivacité. J'ai l'impression de boire à la fois, en terme de sensations, les dan cong les plus purs vendus par PcT, une baotang 2012 d'EoT, un pu er grade B des années 50 que j'ai fini il y a récemment. En même temps, je ne suis pas envahi par le qi comme je pourrai l'être avec certains thés d'EoT, la remarquable KunMing Lan Yin du même HouDe, ou le Liu Bao Cha des années 50 de la M3T qui m'avait carrément rendu saoul !

Les infusions s'étalent avec un égal  bonheur sur deux jours. Si les parfums s'effacent, d'autant plus que je continue à infuser court (moins de 30 secondes) les effets sur le corps demeurent encore après la vingtième infusion dont vous avez deux images ci-dessous.









vendredi 24 mai 2019

Guide de l'Amateur de Thé Pu'er

Les éditions You Feng sont sans doute très connues des amateurs de livres s'intéressant à l'Asie, et à la Chine en particulier sur divers aspects. Le catalogue de cet éditeur est fourni de livres vraiment intéressants et de qualité, en tout cas pour ceux que j'ai achetés.

Les deux boutiques de l'Editeur (sises à Paris) proposent également à la vente des livres d'autres éditeurs, des accessoires de calligraphie, et sans doute d'autres choses.

C'est en allant dans la boutique sise au 13ème arrondissement que j'avais appris en octobre la sortie "très prochaine" d'un livre consacré au pu er, en français.

Je ne peux que louer l'éditeur de proposer un tel livre, sachant que la littérature sur le sujet n'est pas très développée, à moins de lire le chinois.

J'ai malheureusement dû attendre quelques mois, la sortie du livre a pris pas mal de retard ...

Sur l'aspect forme, on ne peut que louer la qualité de la production du livre, mise en page très agréable (malgré un format un peu grand), une couverture cartonnée, texte aéré.


Sur le fond désormais, j'avoue que mon avis est désormais plus mitigé, après une lecture plus complète que le premier rapport que j'avais eu au tout début.


Tout d'abord, ce livre traite de nombreux aspects, et j'ai pu y lire nombre d'informations sur l'histoire, sur les terroirs, les annexes sont également passionnantes pour certaines, mais malheureusement l'aspect parfois grosssièrement faux de choses que je connais par ailleurs me fait douter des choses que j'ignore.

Je reste toujours positivement surpris par le nombre de points abordés, mais du coup, peut-être en raison d'un nombre de pages maximal imposées (ou des connaissances limitées des auteurs), des points qui me paraissent importants dans un livre destiné à des amateurs réels semblent absents, de sorte que, de mon point de vue, ce livre s'adresse davantage à celui qui souhaiterait découvrir le pu er. C'est ainsi que,  parmi de nombreux  exemples relevés, la  BaBaQingBing, ou de la firme ChangTai et notamment des YiChangHao, me semble relativement nécessaires sur un livre consacré à des amateurs. Sur ces points, comme sur beaucoup, les informations restent très parcellaires. Amusant par exemple, la tentative de description des saveurs des thés selon l'âge. Exercice d'autant plus difficile que les conditions de stockage y sont pour énormément. Toutefois, si par exemple page 94 on a un descriptif pour les thés datant de 1972 à 1997 (si-si une telle palette !!!), page précédente, la section "saveur des thés de cette époque" (années 50 à 72), cette section nous laisse sur notre faim la plus totale, se contentant de citer quelques thés de cette époque, sans même parler de leurs saveurs pourtant annoncés par le titre de la section ! En conclusion, sans naturellement vouloir prétendre à l'exhaustivité, il me semble que le livre, est resté très superficiel à des endroits majeurs, mais peut-être est-ce dû au volume des informations délivrées et des contraintes de nombre de pages.

Ce premier point est bien dommage car un réel effort de documentation a été fait, et j'ai appris plusieurs choses.

Comme nous allons désormais le voir sur quelques points, si ce livre contient pas mal d'informations nouvelles pour moi, il faut, comme à chaque fois, vérifier les informations lues.

Page 134, le caractère "ren" a son pinyin transformé en "gen". On est sans doute au niveau de la coquille orthographique, d'autant plus que ce caractère est l'un des premiers appris en chinois. Par acquis de conscience, je suis allé vérifié dans mon dictionnaire de chinois, certes non exhaustif, "gen" n'est pas répertorié dans le dictionnaire avec cette graphie. Là rien de dramatique, on est au niveau de la coquille. 

Un peu plus gênant, l'affirmation sur la date d'apparition du thé blanc vieilli indiquée page 37 me semble visiblement fausse, contredite par un de mes propres achats  d'une galette de thé blanc (achetée en 2004 et semblant sommeiller depuis quelques années chez le vendeur qui me l'avait explicitement vendu comme thé blanc vieilli). Par ailleurs, un de mes anciens étudiants m'avait offert une galette de YuYa de 2007, et comme pour celle achetée en 2004, je ne vois guère l'intérêt de compresser le blanc en galette si c'est pour le consommer sur sa fraicheur et donc un délai court. Il me semble donc que la compression récente de thés blancs en galette vise à le faire vieillir (qui va consommer sa galette de 357g de thé blanc dans les 4 mois de sa fraîcheur ?)

Par ailleurs, on sent l'influence de la participation de l'auteur à une certaine association (en l'occurrence animée par quelqu'un que je trouve très bien) ou certaines lectures, ce qui explique peut-être certaines piques contre certaines autres enseignes. On peut effectivement signaler, comme c'est indiqué page 77, que certains vendeurs peuvent vendre des shu récents et les faire passer pour des sheng de 15 ans, sans pour autant donner le lieu géographique. S'il me paraît essentiel d'éveiller l'attention du lecteur sur ce point,  je pense que l'auteur aurait dû s'absenir de désigner quasi-explicitement un lieu. Guider un amateur, c'est aussi lui donner des clés pour que de lui-même il apprenne de ses erreurs. En l'occurrence sur le lieu qui semble visé, si effectivement la question des dates a fait l'objet de débats, selon des personnes plus autorisées que moi et indépendantes du lieu, au moins sur certains thés il a été démontré qu'il s'agissait bien de vieux sheng, dont l'âge a pu être sur-estimé, mais en tout cas il ne s'agit pas de shu récent que l'on fait passer pour de vieux sheng. Page 85 on lit deux informations (dont la deuxième est, je crois, exacte, et pour la première je ne sais pas), qui fait indirectement de la publicité pour une enseigne que j'adore, sur le plan humain et sur plusieurs de ces thés, mais qui pour moi en pu er (l'objet du livre) n'est pas dans mon top (bien qu'un ait été exceptionnel, la plupart des autres achetés là bas ne m'ont guère convaincu). Pour moi on est à la limite de la publicité déguisée, pour une enseigne certes excellente (je le répète), mais pas nécessairement en pu er, et de toutes façons je trouve la publicité déguisée regrettable dans un livre qui se veut un guide généraliste et non un guide d'achat (le titre n'est pas "mes lieux préférés pour acheter/boire du pu er"). Il me semble que le rôle d'un guide généraliste n'est absolument pas de prendre position, et de ne citer que DEUX associations, et discrètement UNE seule boutique, et cela est un énorme point faible. Paradoxalement la seule boutique citée de manière cachée est celle, parmi les boutiques que je fréquente encore, qui m'a le moins convaincu en pu er. Les auteurs semblent ou feignent ignorer l'existence d'un forum francophone, de nombreux blogs, l'existence de boutiques réelles ou en ligne aux choix de pu er nettement plus vastes (pour certaines) ou de producteurs directs, qui si elles ont chacune leurs qualités et leurs défauts, ont, en tout cas dans le monde du pu er, une place nettement plus importante que ses sources associatives/boutique. Si j'ai bien vu, les trois seuls noms de personnes indiquées dans l'index font référence à ces deux associations et au propriétaire de la boutique, les grands noms du pu er sont tous absents !

D'ailleurs parlant de source, je me demande s'il n'y a pas de coquille sur sa deuxième lettre d'information (page 168), le site n'est déjà plus accessible, seulement quelques jours après la sortie du livre.


On lit parfois des trucs clairement plus grossiers, par exemple page 105 que la petite théière (à gong fu cha) doit faire au moins 100 cl, avec comme argument que les feuilles de pu er sont de grande taille. Je passe sur le fait que 100 cl ça fait 1 litre  et que personnellement je n'ai pas le souvenir d'avoir vu de gong fu cha avec des théières d'au moins 1 litre.  Mais même acceptant la coquille orthographique et en lisant 100 ml, on peut être surpris alors que des vendeurs réputés proposent aussi pour leurs pu er des théières plus petites,  et que même la boutique qui sert de référence à l'un des auteurs du livre vendait en les conseillant pour certains pu er des théières de 50 ml, en plus munie d'une filtre balle de golf ce qui ne favorise pas le déploiement des feuilles. Certains grades de feuilles, notamment de certains tuos ou carrés, des gong ting, se déploient sans problème dans des théières microscopiques, et une grande majorité des (environ) 400 références de pu er qui ont figuré dans la liste de thés en ma possession supporte sans aucun problème les infusions dans mes théières habituelles dont les volumes se situent entre 70 et 100 ml. Si l'auteur était sorti de ses uniques sources d'information, il aurait vu dans plusieurs boutiques internet ou physiques, que certaines théières de moins de 100ml sont recommandées par leurs vendeurs y compris pour le pu er, qui font souvent autorité dans le monde du pu er.

Ce 26 mai (update de l'article), je me fais un YunNan Yuan Bao, Da Du Gang de 1999 provenant de chez Houde (acheté il y a une petite dizaine d'années), dans ma théière de 80ml, les 4g de feuilles (dosage supérieur à celui recommandé sur leur livre page  107, on lit "un peu moins de 1,5 g pour 5 cl") on l'air de très bien se porter.

Je n'ai pas le temps d'écrire d'autres choses qui ont pu me surprendre, mais ces approximations, erreurs et surtout leur parti-pris sont bien dommage et pour moi c'est un réel point faible.

C'est d'autant plus dommage que les informations, certes à un niveau assez généraliste, sont de nature très variées (personnellement de nombreuses pages m'ont intéressé), de plus un tel livre a le mérite d'exister en français, et fait un peu baisser dans mon estime l'éditeur, qui est pourtant pour moi de grande qualité (si l'on excepte son site internet).

Pour autant, le livre m'apporte tout de même énormément d'informations -que je m'efforcerai du coup de recouper-, et je ne regrette absolument pas mon achat (je peux en l'occurrence le prêter à des connaissances qui découvrent le thé). A prendre donc avec ses faiblesses et un oeil critique, comme toujours.