vendredi 21 août 2015

Bilan

Depuis quelque temps, je bois moins de thé ; plus exactement, je suis davantage attiré par des dégustations moins fréquentes et globalement plus courtes.

De ce fait, je reviens à des dosages plus légers. Evidemment il y a les fans de différents types de dosages, mais une version linéarisée du modèle de dégustation que j'ai pondu montre explicitement que l'on peut atteindre les mêmes résultats quels que soient le dosage pourvu que le temps suive la bonne loi. Bien entendu les modèles sont en réalité non linéaires, mais l'expérience me prouve que peu de mes thés (et essentiellement les fortement compressés) font intervenir une variété centrale, ce qui empêche l'application du théorème d'Hartman-Grobman.

Comme vous le savez, les questions exactes de température d'infusion, de durée d'infusion, de grammage ne m'ont jamais vraiment passionnées, même si je suis les conseils lorsqu'on m'envoie un grand cru où un thé d'une famille que je souhaite tester. Par exemple, les thés verts japonais m'ont toujours ennuyés, quelle que soit la qualité, et là j'ai été heureux de suivre les conseils de spécialistes, pour me convaincre qu'ils continuent de m'ennuyer.

En revanche, si j'ai toujours adoré l'expérimentation, mon côté pseudo-artiste ou vrai scientifique ne s'en convient pas. L'artiste s'ennuie de ces tests et souhaite se laisser porter par l'inspiration du moment. Un vrai scientifique ne se contente pas d'expérience, il souhaite comprendre et établir une modélisation qui colle à la réalité et comprendre les liens. Là pour le coup pour vérifier le modèle et l'application d'H-G, j'ai pesé et (en gros) mesuré le temps d'infusion.

J'ai fait le test hier avec un thé que je n'avais pas bu depuis au bas mot 3 ans : la brique 5 de 1976 (shu M3T) ; ainsi je ne me suis pas laissé influencer par ma connaissance de ce thé, ni par les pu er shu de cette époque que je ne bois quasiment jamais. Je visais pureté, un peu comme les meilleurs DC de PCT, fadeur taoïste, relations avec le corps (pas exactement qi, je ne saurais traduire cela). Il est remarquable que l'on ait pu atteindre une telle perfection avec un dosage fort léger.

Bien entendu, je vais rapidement m'abstraire des instruments, mais avoir pu mettre de la physique et des mathématiques là dessus m'a amusé.

C'est aussi un peu au retour aux sources. Contrairement à beaucoup, mes premières expériences avec le monde du thé (si l'on enlève les sachets du petit déjeuner) s'est faite directement sur des "grands" thés, et non via les thés parfumés / mélangés. Une amie vietnamienne m'y avait initié alors que j'étais plongé dans mes études en école d'ingé+en maîtrise de maths+en licence de philo. Dire que si le statut militaire de Polytechnique ne m'avait pas à l'époque dérangé, j'aurais passé l'oral de cette école et n'aurais peut-être jamais rencontré cette fille et donc le thé ! Cette amie, donc, ne buvait que du pu er et n'a initié aux principes taoïstes, au qi, etc. Dire qu'à l'époque je n'y étais pas très sensible et que donc je ne buvais que rarement les thés qu'elle faisait provenir d'Asie et m'offrait à partir de 1994, n'ai pas dû aller à la M3T qu'elle m'avait recommandé avant le début des années 2000 et n'ai commencé à boire beaucoup de thé que plus tard. Il faut dire qu'à l'époque ce n'est pas ce que je cherchais. Et c'est peut-être de plus en plus ce que je recherche, même si j'apprécie toujours quelque chose de très expressif en goût aussi.

Au fur et à mesure, je suis en train de revoir ma collection de thé. Mon dernier décompte fait un total de 138 kg de pu er, cependant entre temps j'en ai donné quelques uns (sur ce blog, l'annonce n'est pas restée longtemps car j'ai eu des volontaires très vite), en ai revendu quelques autres (toujours à prix ne dépassant pas le prix d'achat), mais j'en ai aussi racheté ! Je pense que ceci n'est pas très raisonnable ... Donc je vais refaire un bilan chiffré, que je fais au fur et à mesure car c'est très long (stocké à plein d'endroits différents).